Lorsqu’une crise humanitaire atteint le niveau d’intensité observé à Gaza, les gros titres se concentrent à juste titre sur le coût humain. Cependant, pour un public habitué à analyser les systèmes, comme celui d’Econofinance.be, il est crucial de comprendre l’effondrement économique total qui sous-tend cette tragédie. La situation à Gaza n’est pas seulement une crise de la violence ; c’est une crise de toutes les infrastructures vitales.
L’économie locale est paralysée. Les circuits d’approvisionnement sont rompus, le secteur privé est à l’arrêt, et l’accès aux liquidités est quasi inexistant. Dans ce contexte, l’aide humanitaire n’est plus un simple supplément. Elle devient la seule économie de survie pour des centaines de milliers de personnes.
L’effondrement des infrastructures de base
L’économie moderne repose sur des flux : l’eau, l’énergie, les communications et la logistique. À Gaza, ces piliers se sont désintégrés.
L’arrêt des centrales électriques et le blocage des importations de carburant ne signifient pas seulement un manque de confort. Ils signifient l’arrêt des pompes à eau et des usines de dessalement, provoquant une crise sanitaire immédiate. Ils signifient que les hôpitaux ne peuvent plus faire fonctionner leurs équipements vitaux, que les boulangeries (si elles ont encore de la farine) ne peuvent plus cuire de pain, et que les systèmes de paiement électronique sont hors service.
C’est un effondrement systémique où chaque défaillance en entraîne une autre, créant un cycle de dépendance totale à l’aide extérieure pour les besoins les plus élémentaires.
Les enfants, premières victimes de la paralysie économique
Dans tout effondrement économique, les personnes en situation de vulnérabilité paient le prix le plus lourd. Les enfants sont les premières victimes de la malnutrition lorsque les chaînes d’approvisionnement alimentaire s’arrêtent. Ce sont les premier·ères à succomber aux maladies hydriques lorsque l’eau potable vient à manquer.
Les organisations internationales, comme l’UNICEF, sont en première ligne pour tenter de pallier ces manques structurels. Leur rôle dépasse la simple distribution ; elles tentent de réactiver des systèmes vitaux. Cela implique l’acheminement de carburant pour les générateurs des hôpitaux et des usines de traitement de l’eau, ou la fourniture de kits médicaux d’urgence.
Le défi logistique est immense, comme le souligne UNICEF Belgique dans ses communications d’urgence :
« L’UNICEF et ses partenaires sont sur le terrain pour répondre aux besoins urgents des enfants, mais l’accès humanitaire est dangereusement limité. »
Cette limitation d’accès n’est pas seulement un obstacle humanitaire ; c’est un goulot d’étranglement économique qui empêche les « investissements » de survie d’atteindre leurs cibles.
L’aide humanitaire : Une injection de capitaux d’urgence
D’un point de vue financier, comment fonctionne l’aide dans une zone de conflit ? Elle agit comme une injection de capitaux d’urgence dans une économie en état de mort clinique. Les fonds levés ne sont pas simplement distribués ; ils sont utilisés pour acheter, transporter et distribuer des biens essentiels.
Pour les citoyen·nes et les entreprises en Belgique qui souhaitent agir, la question de l’efficacité est primordiale. Le mécanisme d’un don gaza auprès d’une agence structurée des Nations Unies garantit que les fonds sont alloués selon un plan d’urgence strict. Cet argent est converti en biens tangibles :
- Eau et assainissement : Achat de chlore pour purifier l’eau, de réservoirs d’eau et de kits d’hygiène pour prévenir les épidémies comme le choléra.
- Santé : Distribution de fournitures médicales aux hôpitaux, de kits obstétricaux et de vaccins.
- Nutrition : Distribution d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF) pour traiter la malnutrition aiguë chez les jeunes enfants.
Au-delà de l’éthique : Un enjeu de stabilité
Ignorer une crise humanitaire de cette ampleur a un coût économique indirect, mais bien réel. L’effondrement total d’une société crée une instabilité régionale qui peut avoir des répercussions sur les marchés mondiaux et les routes commerciales pendant des décennies.
Le financement de l’aide humanitaire d’urgence, s’il est motivé par l’éthique, est aussi un acte de gestion de crise pragmatique. C’est l’investissement le plus direct et le plus efficace pour préserver le capital humain – en particulier les enfants – et maintenir un minimum de services, empêchant un effondrement sociétal dont la reconstruction coûterait exponentiellement plus cher à la communauté internationale.